Plus elle est proche, plus elle séduit : la campagne

Dans l’achat d’un logement, le choix du type de logement est au cœur de la réflexion.

Acheter un bien immobilier relève aussi d’un projet de vie

C’est pourquoi, investir en dehors des centres urbains, voire carrément à la campagne, ne va pas de soi. Les avantages existent, notamment sur un plan financier. Mais la réflexion sur les accès et la mobilité est incontournable.

Dans l’achat d’un logement, le choix du type de logement est au cœur de la réflexion. Mais c’est tout aussi important de réfléchir au cadre de vie. S’imagine-t-on vivre dans la verdure, ou préfère-t-on l’animation urbaine ? Calme ou dynamisme, nature ou culture ? Relatifs, subjectifs, de tels paramètres sont toutefois à considérer, indépendamment de la qualité d’un appartement ou d’une maison individuelle. Or, de nos jours où la ville n’est jamais très loin, ce sont le plus souvent des considérations économiques qui conduisent les citadins à chercher un logement hors les villes. C’est un secret de Polichinelle : investir à la campagne est moins onéreux. L’achat d’une maison ou d’un appartement, à l’écart des centres urbains, permet ainsi d’acquérir plus d’espace habitable à moindre coût. Mais de quelles régions parle-t-on ? En Suisse romande, la campagne n’est jamais très loin des villes. Et pourtant, le marché ne s’y trompe pas. Il existe bel et bien des zones dites «rurales», ou dans «l’arrière-pays», qui ont vu affluer les citadins en quête de nouveaux logements à moindres prix ou par désir de vivre en dehors des centres urbains. De nombreux jeunes couples, bloqués par le durcissement des conditions bancaires pour l’accession à la propriété, n’ont tout simplement pas le choix. Les communes situées en particulier dans la Veveyse fribourgeoise, le Chablais, le Bas-Valais, le Gros-de-Vaud, le Jorat et la Broye vaudoise et fribourgeoise ont vu leur population augmenter et se transformer à l’aune de ce phénomène qui n’est de loin pas négatif en soi. Luca Tagliaboschi, associé – CFO et Directeur de Région Fribourg – Riviera de Cardis Immobilier Sotheby’s International Realty, identifie clairement ce mouvement du centre vers la périphérie: «Bien sûr, les centres urbains, de même que les localités en bordure du Léman, restent des classiques très prisés. Cependant, nous avons également constaté que la demande s’étend aujourd’hui jusque dans le Chablais, chose encore difficilement envisageable il y a quelques années. Les clients ont été sensibles à la baisse des prix dans cette région. Et ils ont redécouvert l’immense potentiel offert par des localités plus reculées. Selon moi, ces lieux calmes possèdent une beauté exceptionnelle et sont idéaux pour y voir grandir ses enfants. D’ailleurs, compte tenu de la forte demande, les gens ne s’y sont pas trompés.»

Lac de la Gruyre en Suisse

Des baisses de prix sont constatées dans plusieurs régions

Compte tenu de l’évolution du marché immobilier, toujours marqué par un niveau historiquement bas des taux hypothécaires, peut-on parler, aujourd’hui encore, du fameux effet de repoussoir ? A savoir ce mouvement de repli d’une certaine clientèle vers la périphérie, consécutif à la rareté et la cherté des biens sur les bords du Léman? «Oui, mais la disponibilité de biens dans l’arc lémanique est aujourd’hui bien plus importante qu’il y a encore deux ou trois ans, analyse Hervé Froidevaux, analyste immobilier et associé chez Wüest & Partner. Mais comme les prix y sont nettement plus élevés, on observe deux phénomènes: une baisse dans l’arc lémanique depuis plus de deux ans déjà. Et un décalage de la demande vers la périphérie, où les prix sont plus abordables.» Il n’empêche, l’on observe, aujourd’hui déjà, une suroffre dans la plupart des zones périphériques de l’arc lémanique. Depuis le début de l’année, les professionnels de l’immobilier constatent des baisses de prix dans plusieurs régions fribourgeoises, vaudoises et valaisannes. Pour un appartement ou une villa, de type standard, les différences sont toutefois encore marquées en comparaison avec la ville. Finie l’époque où, même en campagne, les prix semblaient devoir une courbe ascendante, avec des objets parfois surévalués. Car si le bon air et la qualité de vie sont des éléments déterminants dans l’achat d’un bien, encore faut-il s’intéresser à la situation de la maison ou de l’appartement.  «La question essentielle est celle de l’accessibilité future, en transports publics, en transports privés et en transports privés partagés, explique Hervé Froidevaux. Les petites villes, bien accessibles, peuvent ainsi également se développer de manière dynamique. Les communes résidentielles, périphériques, seront par contre sous pression.» En Suisse, rares sont cependant les régions réellement isolées. Et les villages, même reculés, présentent toutefois un développement toujours plus proche de celui des zones urbaines. Le niveau des infrastructures et des commodités est tel que la vie à la campagne est toujours plus confortable. Mais la distance avec le lieu de travail, les écoles et les commerces n’en est pas moins réelle. Et la mobilité a un coût pas négligeable. D’ici à dire qu’il rend moins sensible la différence de prix entre une habitation en ville et à la campagne, il y a un pas aisément franchissable.

En réalité, comme en témoigne le marché des promotions, les Suisses recherchent de plus en plus un équilibre entre ville et campagne. Cela se manifeste dans le succès de quartiers environnés de verdure, en pleine ville, comme dans le développement au vert d’habitats urbains, à distance aisée et raisonnable du lieu de travail.

les toits de Neuchtel